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Billet d’humeur

Can't take my eyes off you

Confinement, déconfinement, re-confinement, un vaccin, deux vaccins,… plus de vaccins : l’espoir évolue par vagues, comme ce virus qui nous colle à la semelle comme un vieux chewing-gum.  L’actualité n’a plus vraiment de sens, les médias se contredisent, les « experts » aussi, seules les publications Facebook vont dans notre sens (sûrement guidées par un algorithme). « Les gens s’informent de plus en plus via les réseaux sociaux » tu m’étonnes, ils se voilent tous la face, les yeux scotchés à leurs écrans, ils en oublient la réalité !

Le 17 mars 2020, tout bascule, encore une fois, on entre dans le dénis. On pense que c’est « une petite grippe » et que le jour où un vaccin arrivera, tout sera arrangé. Non ! Mince, on a oublié les variants … 

On recommence ! 

Avant-hier, on prenait l’apéro entre amis en terrasse en se plaignant car le serveur n’allait pas assez vite. 

Hier, dès que tu avais mal à la tête, la gorge sèche, tu imaginais le pire : effrayé de te prendre un coton-tige dans le nez. Peu à peu, les gens se sont renfermés derrière leurs écrans persuadés qu’ils constituaient le seul moyen de s’évader de la folie médiatique naissante. Les larmes aux yeux devant la télévision, il est difficile de croire à un complot quand on voit le désespoir des soignants dans les hôpitaux débordants. Marre de voir autant d’horreurs dans le monde ! Mais, quand ça arrive chez nous, on tourne la tête, on ignore l’atrocité et on se divertit. Vient le moment des choix : Julie, 20 ans qui a toute sa vie devant elle, ou Maria, 80 ans, six enfants et huit petits-enfants, avec sa vie… derrière elle. 

Aujourd'hui?

Aujourd’hui, on tourne en rond : entre nos murs, mais aussi sur les réseaux sociaux, les débats stagnent et manquent de sens. Les apéros se font derrière un écran, comme le reste de nos journées. Pour étudier : écran, pour travailler : écran, pour se divertir : écran. Pour finir, ça ne va plus, on se sent mal, seul… Mais pour parler quand rien ne va, là aussi : écran. Tu passes ta journée à taper des mots qui resteront dans une mémoire virtuelle, flottants parmi des milliards d’autres données : entre les dernières chaussures que Sabrina a commandées et la playlist « déprime » de Julien. Notre présent, comme notre avenir se construisent virtuellement. Est-ce que ce que tu écris en ce moment sur ce clavier a vraiment un sens ? C’est la question que je me pose. 

À l’heure où tout flotte dans le fictif, où « être positif » n’est plus forcément une bonne chose, les médias se cantonnent dans une actualité négative. Il faut faire des choix, il faut les faire vite et les partager sur le net. On confond réel et virtuel et ce dernier n’a pas l’intensité du premier… Pourtant, on garde les yeux rivés dessus en attendant que les choses changent, avec un espoir en travers de la gorge, drogués et accros à des mots écrits parfois au hasard sur une publication. Notre avenir est tapé sur ces machines, ancré dans leurs mémoires, mais existe-t-on pour autant dans les souvenirs des gens ? 

Margot Durand

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